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Pascal Le Deunff, Ambassadeur de la France en Moldavie : « La France et l’Union Européenne ont besoin d’une Moldavie démocratique, stable et prospère »

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Interview avec l’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République Française en République de Moldavie, Monsieur Pascal Le Deunff

Pascal Le Deunff

Monsieur l’Ambassadeur, vous avez pris vos fonctions en Moldavie en décembre 2017, il y a quelques mois. Pourriez-vous d’abord nous partager vos premières impressions sur notre pays ?

Pascal Le Deunff : Mes premières impressions sont très bonnes. J’ai été très bien accueilli à mon arrivée. Je trouve dans la population moldave une grande gentillesse et un sens très développé de l’hospitalité. J’ai remarqué et apprécié, bien sûr, la diversité linguistique qui règne dans le pays et sa part de francophonie, que je m’attache à préserver, mais aussi sa francophilie. J’ai été très ému, par exemple, quand le Ministre de l’Intérieur a organisé une cérémonie spéciale au sein de l’Ambassade, avec dépôt de gerbes, après le tragique attentat qui a coûté la vie à un gendarme français.

J’apprécie aussi la beauté des paysages moldaves, le folklore et les traditions, les magnifiques monastères, l’art culinaire et, bien entendu, la culture du vin, qui rapproche nos deux pays. Chisinau possède en outre un patrimoine architectural très intéressant, qui mérite d’être préservé.

La Moldavie est un pays très attachant. Elle a eu dans son histoire des influences étrangères multiples, qui en font aujourd’hui un Etat complexe. J’aborde donc mes fonctions à Chisinau avec beaucoup d’humilité. Je sais aussi que la population de ce pays attend beaucoup de l’Union européenne et de la France.

Quels sont les domaines les plus fructueux des relations franco-moldaves ?

Pascal Le Deunff  : Le premier de ces domaines est politique. La France est, au sein de l’Union Européenne, un partenaire politique majeur de la République de Moldavie : elle copréside, avec la Roumanie, le groupe des amis européens de la Moldavie ; elle a soutenu, le mois dernier à New York, le projet de résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le retrait des troupes étrangères du territoire de la République de Moldavie. La France continue d’accompagner, par ses conseils et son expertise, la République de Moldavie dans la mise en œuvre de l’Accord d’association avec l’UE. Elle est à ses côtés sur la voie de la modernisation économique et sociale et de la consolidation de l’Etat de droit.

Dans le domaine de l’éducation, la coopération franco-moldave est également très fructueuse. L’Alliance française de Moldavie est l’une des alliances françaises les plus importantes d’Europe. L’enseignement du français continue d’animer des classes entières dans les lycées publics en Moldavie. 40% des élèves du secondaire apprennent le français. Il y a six filières francophones et huit départements de français dans les universités moldaves, fortement soutenus par l’Agence universitaire de la francophonie. Avec les autorités moldaves, nous préparons ensemble, très activement, le prochain sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie, qui se tiendra à Erevan en octobre 2018.

Sur ce socle de proximité linguistique, la France et la Moldavie bâtissent ensemble une coopération culturelle très dynamique, notamment dans les domaines du cinéma, de la musique, des arts de la scène et de la protection du patrimoine. Le festival du film francophone et les Nuits pianistiques qui viennent d’avoir lieu à Chisinau, notamment, rencontrent chaque année un grand succès. Nous soutenons également des projets de développement local, en partenariat avec des collectivités territoriales moldaves et françaises. Avec le soutien de l’ambassade, le département de la Vendée, par exemple, apporte son expertise en matière touristique à la ville et à la région de Soroca.

Enfin, je pense que les relations économiques entre la France et la Moldavie sont appelées à se renforcer. Nous devons mieux tirer parti des bénéfices mutuels qu’offre l’accord de libre-échange entre l’UE et la Moldavie. Je suis convaincu que les entreprises françaises contribueront fortement à forger l’avenir économique de la Moldavie. Déjà, elles figurent parmi les principaux investisseurs étrangers du pays. De nouveaux investissements français arrivent. Il faut aussi explorer les opportunités de développement des échanges commerciaux bilatéraux, tant dans les domaines de l’agro-alimentaire que dans les secteurs industriels et les services.

Avez-vous un penchant pour quelque secteur de la collaboration entre les deux pays ? D’ailleurs, avez-vous un projet professionnel particulier que vous souhaiteriez réaliser au cours de votre mission en Moldavie ?

Pascal Le Deunff : Outre le développement des échanges économiques qui me tient beaucoup à cœur, je pense que la France peut apporter son expérience et son expertise dans un secteur dont la réforme sera capitale pour l’avenir de la Moldavie : la Justice. Les progrès de la Moldavie vers un Etat de droit contribueront à ramener la confiance des citoyens en leurs institutions et à rassurer les investisseurs sur la sécurité juridique du pays. Avec ses partenaires européens, la France continuera d’accorder la plus grande importance à sa coopération avec la Moldavie dans le secteur de la justice.

Ces dernières semaines, l’actualité politique moldave est dominée par la question de l’invalidation des élections locales à Chisinau. Un mot sur la gouvernance démocratique en Moldavie ?

Pascal Le Deunff : La France et l’Union Européenne ont besoin d’une Moldavie démocratique, stable et prospère, tandis que la Moldavie a besoin de relations étroites avec l’UE pour son développement futur et le bien-être de sa population. Cette orientation nécessite la poursuite des réformes prévues dans l’Accord d’association. Beaucoup de progrès dans ce sens ont déjà été faits au cours des dernières années et j’en félicite tous les acteurs. Dans le strict respect des conditionnalités posées par l’UE, la France reste prête à accompagner les réformes qui restent nécessaires.

Mais sur ce chemin qui nous rapproche, nous avons aussi des principes et des valeurs. Nous avons besoin, en particulier, que soient respectées en République de Moldavie des règles essentielles : les élections et les processus démocratiques, l’Etat de droit, l’intégrité de la justice et les droits de l’Homme. Ce sont des principes, des objectifs sans cesse rappelés, que la France s’impose aussi à elle-même ! Ils sont au cœur du projet européen ! Or, à cet égard - parce qu’entre amis il faut dire ce qu’on pense - nous Français, nous Européens, nous avons, dans la période récente, manifesté nos inquiétudes auprès des autorités moldaves. Elles sont réelles. Nous espérons être entendus.

Nous appelons les autorités moldaves à prendre toutes les mesures possibles pour garantir que les résultats des dernières élections municipales à Chisinau, qui ont été reconnus par les observateurs nationaux et internationaux et qui reflètent le choix des électeurs, soient respectés.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux lecteurs de www.moldavie.fr ?

Pascal Le Deunff : Je souhaite les féliciter de s’intéresser à ce beau pays, méconnu en France, à la frontière de l’Europe centrale et orientale, intéressant à plusieurs titres. Ils trouveront sur ce site francophone, très fourni, nombre d’articles et d’informations très intéressantes sur la Moldavie et sa francophonie. Continuez à le lire, à le faire connaître autour de vous, à y participer, si vous le pouvez, et à le soutenir. C’est un site qui contribue à tisser des liens entre la Moldavie et la France et à maintenir l’amitié qui nous unit.

Je vous remercie, Monsieur l’Ambassadeur, et bonne fête nationale de la France !

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