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La peintre Valentina Rusu-Ciobanu — presqu’un siècle d’amour pour la peinture et les arts

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Valentina Rusu-Ciobanu

Son œuvre a marqué toute une époque dans l’histoire des beaux-arts de Moldavie, étant toujours actuel grâce aux vérités exprimées par les toiles peintes avec beaucoup de dévouement. Valentina Rusu-Ciobanu, une dame distinguée qui maîtrise habilement les couleurs et les formes, a atteint en 2015 l’honorable âge de 95 ans.

Valentina Rusu-Ciobanu est lauréate du Prix d’Etat de la République Soviétique Socialiste Moldave (1974), détentrice des titres honorifique de Maître Emérite ès Arts (1980), Artiste du Peuple (1985). En 1996, elle est décorée de la distinction suprême de la Moldavie, l’« Ordre de la République » et en 1998 remporte le Prix de l’Union des Artistes Plastiques de Moldavie pour toute son activité.

En 2009, l’Académie des Sciences de Moldavie lui décerne la médaille „Dimitrie Cantemir” et en 2010 la mairie de la capitale lui confère le titre de Citoyenne d’Honneur de la ville de Chişinău.

Ses tableaux ont été exposées dans le cadre de nombreuses expositions en Moldavie, tout comme à l’étranger : en Roumanie, Bulgarie, Pologne, Canada, Syrie, Irak, France.

Une passion enracinée dans l’enfance

La peintre, née à Chişinău le 28 octobre 1920, se rappelle qu’elle était attirée par l’univers des arts plastiques depuis l’âge de 4 ans quand elle a découvert les travaux de son oncle et en a été profondément impressionnée. Depuis, elle garde sa passion vive pour la peinture.

Entre 1938 et 1940, elle a fait ses études à l’Ecole de Beaux-Arts de Chişinău, puis à l’Académie d’Arts Plastiques de Yassy, en Roumanie (1942-1944) et à l’Ecole d’Arts Plastiques « I. Repin » de Chișinău (1944-1946), ayant comme professeur Auguste Baillayre, un personnage spectaculaire des arts plastiques dans la période d’entre-deux-guerres qui a exercé une forte influence sur la formation de l’artiste, ainsi que le fameux sculpteur Alexandru Plămădeală.

En 1946, la jeune peintre a pour la première fois exposé ses travaux qui dès le début annonçaient un talent vigoureux de leur auteur.

Les métaphores de ses toiles

Valentina Rusu-Ciobanu appartient à la génération d’artistes plastiques de Bessarabie formés dans l’ambiance culturelle de la Roumanie d’entre-deux-guerres, mais qui ont créé au cours de la seconde moitié du XX-ième siècle, dans le contexte extrêmement contradictoire des réalités socio-politiques dictées par le régime communiste totalitaire. Ayant créé une nouvelle poétique de l’image, l’artiste a adopté la sincérité de l’art naїf dont les caricatures, le grotesque, l’humour bonasse étaient une sorte de répliques aux clichés et aux principes promus par le régime communiste.

La pureté des couleurs, la valeur énergétique, la luminosité sont des outils que la peintre a su transposer dans un langage moderne et mettre en valeur. Quand on admire les toiles de Valentina Rusu-Ciobanu, on a l’impression qu’elles ont été peintes aujourd’hui, même si elles datent de plus de 5 décennies, ce qui est dû au talent de l’artiste d’anticiper les mouvements artistiques contemporains.

Son œuvre est hautement apprécié par les critiques d’art. Selon Sofia Bobernagă, les tableaux de Valentina Rusu-Ciobanu constituent une symbiose de „réalisme poétique” et d’„esprit original”. Vladimir Bulat affirmait que le style choisi par la peintre pouvait être „lu”, à l’époque du régime soviétique totalitaire, comme une „subversion sublime”, un risque que Valenina Rusu-Ciobanu a assumé.

Une artiste qui a de la verticalité

Malgré le calvaire de l’idéologie qu’elle a dû affronter, l’artiste, à la différence de beaucoup de ses collègues, est toujours restée fidèle à sa vocation et à son crédo artistique, sans changer de vision, ni de style.

Les chefs-d’œuvre de Valentina Rusu-Ciobanu dénotent son sens de la responsabilité et l’amour pour la peinture. Etant un être très délicat, mais aussi très ferme dans ses convictions, elle a été parmi les peu nombreux artistes qui, pendant la période de dictature et censure communiste, ont osé à s’opposer à l’idéologie et à transposer la beauté de la vie dans ses œuvres.

Les peintures de Valentina Rusu-Ciobanu sont des métaphores pleines de sens et de messages ironiques contre le régime soviétique. Dans de très difficiles conditions, quand la censure était omniprésente, elle a réussi à promouvoir des œuvres d’art qui sont toujours vivantes et actuelles de nos jours encore.

« Chaque parole est une chanson de l’âme de la personne qui me parle »

Né dans un milieu urbain, à Chişinău, Valentina Rusu-Ciobanu a toujours fait preuve d’admiration pour les ruelles sinueuses et l’ambiance où les préoccupations quotidiennes étaient dans une harmonie exemplaire.

Après plusieurs décennies de travail dans l’atelier et surtout après le trépas de son époux, le maître Glebus Sainciuc, Valentina s’est retirée de la vie publique. Elle vit toujours dans sa vieille maison située dans la zone historique de Chişinău, où elle se réjouit des réalisations de son talentueux fils, Lică Sainciuc.

Elle n’entend plus très bien, mais elle a avoué qu’elle entend quand on lui parle à l’oreille. « C’est comme si on me chantait, car chaque parole est une chanson de l’âme de la personne qui me parle ».

« J’ai l’impression de le voir venir »

Valentina Rusu-Ciobanu et feu le maître Glebus Sainciuc, son époux et ami pour toute la vie, ont formé une communion spirituelle pendant plus de 60 ans, étant un formidable couple. Ils ont fait connaissance lorsqu’ils étaient élèves à l’école de peinture et se sont mariés 5 ans plus tard. Leurs fils unique, Lică Sainciuc, est lui-aussi un peintre très apprécié.

Valentina Rusu-Ciobanu et Glebus Sainciuc

« Le plus important c’est que, malgré que nous soyons différents, nous nous sommes réciproquement complétés. Quand les gens vivent longtemps ensemble, ils se connaissent de divers points de vue », disait l’artiste dans une interview accordée à l’occasion du 64-ième anniversaire de son mariage, quand le célèbre créateur de masques Glebus Sainciuc était encore à ses côtés. Quelques ans après sa disparition, la peintre l’attend toujours… « Peu avant le 28 octobre, quand c’était mon anniversaire, il faisait très beau et j’ai eu l’impression de le voir venir vers moi  » …

Le 2 février 2016

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