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Florence Trouillet : « Ce qui est différent, c’est votre univers bilingue »

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Interview reprise dans le magazine « Quelques mots » édité par les élèves du lycée « Spiru Haret » de Chisinau. Coordinatrice du projet – Larisa Apreutesei.

Nous avons rencontré Florence Trouillet à la médiathèque de l’Alliance Française de Chisinau où elle fait son stage. Dynamique et autonome, elle fait son master1 en Relations Interculturelles et Coopération Internationale.

Nous, Ana Ulianovici, Ana-Maria Luchian et Maria-Bianca Bulimaga, l’avons interviewée. Découvrez ce que les Français pensent de nous, les Moldaves.

Ana : Bonjour. Nous voudrions réaliser avec vous une interview pour notre magazine. C’est très intéressant pour les élèves de savoir ce que les Français pensent de notre pays et des Moldaves. Eh bien, la première question : à quelle occasion vous êtes venue en Moldavie ? Qu’est-ce que vous y faites ?

Florence Trouillet : Je fais un stage en Moldavie. En fait, en France je suis en première année de master. C’est après la licence et pour avoir mon master, je dois faire un stage à l’étranger. J’ai postulé un peu partout dans l’Europe de l’Est et ici.

Bianca : En quoi avez-vous pris votre licence ?

Florence Trouillet : La licence, le titre c’est « Langues étrangères appliquées » et c’est deux langues au même niveau, appliquées dans le domaine du commerce, du droit, de la comptabilité, etc.

Ana : Depuis combien de temps vous travaillez dans ce domaine ?

Florence Trouillet : Je suis arrivée mi-mars, le 15 mars. Ça fait un mois…

Ana : Qu’est-ce que vous connaissiez sur la Moldavie avant d’arriver chez nous ?

Florence Trouillet : Pas grande chose. Vraiment rien. J’ai fait un stage en Roumanie et c’est pourquoi j’ai aimé l’endroit, la région ; en tout cas je voulais retourner. Sinon, dans le master, j’avais une Moldave dans ma classe, qui m’a donné aussi envie de venir.

Mme Apreutesei : Elle vous a raconté quelque chose sur la Moldavie ?

Florence Trouillet : Elle m’a parlé de Chişinău et un peu de sa campagne, puisqu’elle vient de Gagauzie et pas plus.

Pensez-vous que nous sommes très différents des Roumains de Roumanie ?

Florence Trouillet : Un peu, mais surtout, ce qui est différent, c’est votre univers bilingue, le fait que vous parlez roumain et russe, la plupart d’entre vous, et même dans la rue, on voit beaucoup plus l’influence soviétique qu’en Roumanie. Mais c’est aussi bien, même mieux (rires).

Ana : Est-ce que l’impression sur la Moldavie coïncide avec celle que vous aviez avant ? Pourriez-vous nous donner un exemple ?

Florence Trouillet : Je ne m’attendais pas vraiment à grande chose. Je n’avais pas de clichées, de préjugés …

Mme Apreutesei : Pas de stéréotypes ?

Florence Trouillet  : Non, parce que je les avais avant d’aller en Roumanie et la Roumanie les avait un peu détruit… Moi, j’adore les pays de l’Est, c’est un plaisir, ce qui peut être choquant pour d’autres personnes. Ça ne me choque pas. J’aime bien.

Ana : Comment caractériseriez-vous les Moldaves ? Vous trouvez que nous sommes différents de vous, les Français, en ce qui concerne le mode de vie, le comportement, ou la mentalité, autre chose ?

Florence Trouillet : Je crois qu’il y a beaucoup de différences. Je n’habite pas ici depuis longtemps, donc je ne les vois pas toutes. Ce qui me choque, c’est quelques fois le comportement des maris envers leurs femmes et la vision de la famille où la femme fait, en fait, tout. Mais il y a aussi des exemples d’hommes qui sont normaux.

Sinon, le problème c’est que je travaille à l’Alliance Française où il y a autant des Français que des Moldaves et même les Moldaves qui travaillent ici parlent Français et sont très, très ouverts et je ne vois pas vraiment les différences comme si je vivais dans une famille de Moldaves ou dans un village. Je pense que là, je verrais vraiment des différences. Ici, je suis un peu comme dans un cocon, une bulle, donc je ne les vois pas toutes, malheureusement.

Ana : Pouvez-vous dire à ce moment qu’est-ce que vous aimez le plus en Moldavie et qu’est-ce qui vous maque ici ?

Florence Trouillet : Rien ne me manque. Tout va bien. Bien sur, mes amis, ma famille, mais je me suis habituée. J’aime beaucoup Chişinău, c’est très agréable en ville, les gens sont très, très gentils.

Bianca : Vous avez visité d’autres villes de notre pays ?

Florence Trouillet : J’ai vu d’autres villes. J’ai été à Balti, à Ungheni, mais j’ai été avec le travail, j’ai vu seulement le centre, je n’ai pas visité.

Ana : Nous avons beaucoup de sites.

Florence Trouillet : Je veux les voir.

Ana : La nature est superbe. Il y a beaucoup de sites historiques.

Bianca : Mais c’est un peu sale, il faut le reconnaitre.

Florence Trouillet : A Chişinău, ce n’est pas trop sale. Par exemple, moi, j’ai fait mon master dans une ville qui s’appelle Lille et c’est beaucoup plus sale que Chişinău.

Mme Apreutesei : Nous connaissons Lille d’après le film « Bienvenue chez les Ch’tis » : Le Nord ! (rires)

Florence Trouillet : C’est agréable et c’est particulier.

Mme Apreutesei : Mais comme on dit dans ce film : « C’est le NORD. » (rires).

Bianca : Est-ce vrai qu’on parle une langue différente là-bas ?

Florence Trouillet : Dans le Nord ? Je ne suis pas du Nord, je viens de Paris, donc ça dépend qui vous fréquentez : à Lille, ça va, mais si vous allez dans les petites villes ou dans la campagne, vous allez entendre, ils vont parler autrement. Mais je ne peux pas les imiter. Ils ont leur propre vocabulaire, c’est toujours le français, mais c’est de l’argot. Ils ont vraiment un accent, mais sinon, globalement, la langue est la même, excepté les expressions typiques du Nord. Le français qu’on parle dans le Sud, il a un accent plus chantant et des mots différents, mais on se comprend.

Ana : Nous sommes élèves. Pourriez-vous nous dire, à l’école vous étiez une élève sage ? Avez-vous fait des bêtises ? Racontez-nous.

Florence Trouillet : Alors, quand j’étais jeune, j’étais très, très sage, j’avais des bonnes notes. Il y a maintenant une grande distance, de pire en pire, je suis très paresseuse. Des bêtises ? Il y en avait plein (rires).

Ana : Vous êtes-vous servie des antisèches ?

Florence Trouillet : Ah oui, bien de fois (rires)… On s’écrivait sur les mains et on regardait comme ça, comme si on réfléchissait (rires)… On fait ce qu’on peut…

Bianca : On connait déjà cette méthode (rires)… mais nous ne l’utilisons pas pour tricher au français (rires).

Florence Trouillet : Alors, on prenait les papiers ou bien on marquait tout sur la règle ou on mettait de petits papiers dans les trousses…

Mme Apreutesei : D’autres méthodes ?

Ana : Pour nous (rires)…

Florence Trouillet : Je pense que vous vous servez de vos téléphones… Avec mon portable français, à la fac, je regardais sur Internet… Mais ça dépend vraiment, à la première fac, quand j’ai pris ma licence, c’était impossible de tricher. C’était très contrôlé, mais dans celle-là, pour mon master, j’étais sur Internet, sur Google…

Ana : Vous avez triché à toutes les matières ?

Florence Trouillet : Non, non, de temps en temps (rires)…

Ana : Aux matières que vous, peut-être, n’aimiez pas ?

Florence Trouillet : Puisque je n’aimais pas du tout les maths, je n’y comprenais rien, je ne pouvais pas tricher, je ne comprenais vraiment pas.

Ana : C’est bien ou non de tricher aux examens ? Est-ce un phénomène dans les universités de France ?

Florence Trouillet : Non, ce n’est pas bien (rires). Non, il ne faut pas tricher. Peut-être vous aurez une bonne note, mais ça ne sert pas longtemps …

Ana : Est-ce qu’il y a une punition pour ceux qui trichent ?

Florence Trouillet : Ça dépend des profs. Soit on a zéro, soit on se fait envoyer un jour ou deux… Moi, je ne me suis jamais fait prendre … (rires)

Ana : Pouvez-vous nous donner des conseils ?

Florence Trouillet  : Alors, pour votre avenir professionnel ? Déjà vous comptez voyager plus tard, vous apprenez le français, vous comptez étudier à l’étranger ?

Bianca : Peut-être, mais je crois que la majorité de notre génération pense aller à l’étranger pour étudier.

Florence Trouillet : C’est vraiment très bien. Moi, je suis allée en Roumanie, pour moi c’était chouette. C’est vraiment une occasion de découvrir une autre culture et de la découvrir un peu plus profondément que si vous alliez seulement en vacances. Et même au niveau professionnel, c’est très bien de voir comment fonctionne une autre organisation, une autre université et ça vous rend beaucoup plus mobile pour votre avenir professionnel et je pense qu’on vous le demandera. Nous, en France, ça commence. On était réputés pour ne pas bouger, ne pas parler d’autres langues. C’est un peu vrai encore, mais de plus en plus on vous demandera de pouvoir parler anglais, espagnol, allemand, de pouvoir bouger, même que ça soit dans votre pays. En France on peut aussi bouger, c’est très grand. Je vous conseillerais vraiment de saisir chaque opportunité de partir, et si vous rester en Moldavie, découvrez le plus possible.

Bianca : Mais en Moldavie ce n’est pas vraiment possible de voyager… C’est tout petit… C’est ici, à Chişinău que tout est concentré - les études, les universités…

Ana : C’est mieux de partir dans un pays étranger et pour nous, c’est essentiel d’apprendre les langues.

Florence Trouillet : Vous parlez russe et roumain, vous avez un avantage mais moi, je ne l’ai pas. Vous êtes bilingues à la base et c’est vraiment une chance, vous devriez vraiment travailler les langues. Le russe et le roumain sont deux langues complètement différentes, qui n’ont pas la même origine. Je suis sûre que pour vous le français n’est pas difficile. Et en plus, vous pouvez apprendre l’espagnol, ce sont des langues latines. Vous avez beaucoup plus de capacités, de facilités linguistiques que nous, les Français.

Bianca : Avez-vous appris des mots en roumain ?

Florence Trouillet : Oui, mais je vais avoir des cours. Pour l’instant je dis « Bună ziua », la nourriture, à cause des menus, mais je suis nulle en roumain. Je vais apprendre.

Bianca : Merci pour votre interview. Ça nous a fait plaisir.

Florence Trouillet : Cu plăcere.

Transcription : Maria-Bianca Bulimaga

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