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La religion Orthodoxe en Moldavie

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La Moldavie est un Etat laïque, dont la liberté religieuse est garantie par la Constitution. La quasi-totalité de la population est de religion Orthodoxe, et celle-ci co-existe avec des « Vieux-croyants », Juifs, Pentecôtistes, Musulmans, etc. La situation religieuse illustre à la fois la richesse et la complexité du pays.

L’Eglise Orthodoxe, facteur d’unité ?

La population moldave est dans son immense majorité Orthodoxe, ce qui semble créer un sentiment d’homogénéité. Pourtant, ce facteur n’est pas pour autant synonyme d’unité. En effet, il existe une métropolie de Bessarabie (recréée en 1992), qui est sous la responsabilité de l’Eglise roumaine, et une métropolie de Moldavie, qui dépend de l’Eglise russe.

La concurrence russo-roumaine

Cette dernière est arrivée en 1812, avec la conquête tsariste, qui rattache les diocèses de Bessarabie à la hiérarchie de Moscou. Ce contrôle fait partie d’une politique de russification très large, qui ne se limitait pas à la simple question linguistique. Cela n’empêche pas les diocèses de Bessarabie d’être rattachés, pendant l’entre-deux-guerres, au patriarcat de Bucarest. La diversité ethnique est alors très grande dans la région, qui comprend d’autres Eglises - arménienne, juive, musulmane, etc.

Il va sans dire que l’Église orthodoxe russe n’était pas particulièrement bien vue par le pouvoir communiste, elle était tout juste « tolérée ». Et ce, même si elle n’a pas ménagé ses efforts pour mobiliser la population lors de la Seconde Guerre mondiale, appelée « Grande Guerre patriotique » en Russie. Mais l’Eglise russe a pour fonction de séparer encore davantage la Moldavie soviétique de la Roumanie, déjà isolées alors qu’elles n’écrivent plus dans le même alphabet (Cyrillique pour la Moldavie, Latin pour la Roumanie). Si la liturgie était parfois célébrée en roumain pendant la période soviétique, la formation des popes avait lieu dans un contexte russophone.

Le retour de l’Eglise Orthodoxe de Bessarabie

L’actuelle métropolie de Bessarabie relevait en 1812 de la juridiction du patriarcat œcuménique de Constantinople, qui a par la suite reconnu l’autocéphalie du patriarcat roumain, lequel incluait les diocèses moldaves. Par conséquent, elle estime que sa demande d’être reconnue comme l’Eglise légitime est fondée. Elle est soutenue en cela par le mouvement issu du Front Populaire, que l’on retrouve aujourd’hui essentiellement au Parti Populaire Chrétien-Démocrate (PPCD).

Le PPCD a dû lutter afin de faire reconnaître la restauration de l’Eglise roumaine. Les autorités communistes, alors pro-russes, ont dû reconnaître la légalité de la métropolie de Bessarabie par une décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Dès lors, les deux Eglises, roumaine et russe, doivent cohabiter.

La question de l’appartenance à une ou l’autre Eglise n’est d’ailleurs pas un problème majeur pour les habitants, qui sont confrontés à bien d’autres difficultés, plus matérielles.

La situation en Transnistrie et l’essor des sectes

Ce qui n’est pas le cas en Transnistrie, où l’Eglise dépend exclusivement du patriarcat de Moscou. Bien que se revendiquant de Lénine et de l’URSS, le pouvoir en place n’hésite pas à se prévaloir du soutien des popes. Les roumanophones y ont fait l’objet de nombreuses discriminations.

Eglise de Tiraspol

Par ailleurs, les sectes et mouvements protestants tentent de s’implanter en Moldavie depuis les années 1990, avec un certain succès (Témoins de Jéhovah, Baptistes, Pentecôtistes, Adventistes, Presbytériens, néo-évangélistes…). Cet essor peut s’expliquer par la globalisation religieuse (mouvements occidentaux et influence de l’Orthodoxie moscovite), l’instabilité du sens (perte des repères suite à la chute de l’URSS) et l’individualisation du croire ont introduit de nouvelles croyances dans le champ religieux moldave.

Florent Parmentier, analyste-politique pour Moldavie.fr

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