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Le mouvement de renaissance nationale en Moldavie (les années 1987-1988)

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La proclamation le 27 août 1991 de l’indépendance de la République de Moldavie a été le fruit d’un intense mouvement de renaissance nationale. Les origines de ce mouvement remontent aux années ’60-70 du siècle passé quand des voix audacieuses osaient parler de la vraie histoire de notre peuple et demander qu’on « habille » notre langue de ses habits naturels. La fin des années 1980 a été marquée par toute une vague de libération nationale qui a culminé par octroi à la langue moldave du statut de langue officiel et le retour à l’alphabet latin.

Voici une chronologie des actions les plus marquantes.

L’an 1987

Le 29 juillet, à Moscou, le journal « Литературная Газета » (« Le journal littéraire ») a publié un ample article signé par l’écrivain Ion Druta, intitulé « Frunza verde, apa si semnele de punctuatie » (« Feuille verte, eau et signes de ponctuation »), dans lequel le réputé écrivain signalait de graves problèmes écologiques auxquels la Moldavie était confrontée, tout en les mettant en corrélation avec le problème de la dégradation de la langue moldave.

Le 13 août, le journal « Literatura si Arta » (« Littérature et Art ») a republié en langue roumaine cet article qui a eu, en République Soviétique Socialiste Moldave (RSSM), un effet de bombe. Afin de calmer les esprits « écologistes », les dirigeants de l’époque du pays ont fait adopter d’urgence, lors d’une session du Soviet Suprême (SS) de la RSSM, « Le Plan de protection de l’environnement ».

Le 30 octobre, la réunion plénière de l’Union des Ecrivains de Moldavie (UEM) a adopté une résolution pour solliciter au Comité Central (CC) du Parti Communiste de Moldavie (PCM) « de créer une commission scientifique pour examiner le problème de la mise en conformité de la langue moldave avec la nature et les particularités de son appartenance à la famille de langues romanes ». Cette demande a constitué le début de la lutte pour la réhabilitation de la langue roumaine en Moldavie.

La censure communiste a interdit la publication de cette résolution de la séance plénière de l‘UEM.

L’an 1988

Le 15 janvier, sur l’Allée des Classiques de Chisinau, un groupe de jeunes se sont réunis pour commémorer le jour de naissance du poète Mihai Eminescu. Les participants à la manifestation ont décidé se réunir tous les dimanches. Aux réunions ultérieures, des membres notoires de l’Union des Ecrivains, tels que Grigore Vieru, Leonida Lari, Gheorghe Mazilu, ont pris part.

Le 25 mars, près de l’immeuble situé 33, rue Livezilor, a eu lieu une action consacrée au poète Alexe Mateevici et l’inauguration d’une plaque de commémoration. A cette action-là, avait été lancée l’initiative de commencer la collecte de fonds pour la construction d’un musée du poète dans son village natal. Des représentants des autorités communistes avaient pris part à l’action.

Au mois d’avril, les réunions informelles tenues sur l’Allée des Classiques se sont transformées dans le Cénacle littéraire « Alexe Mateevici » qui a reçu l’autorisation de tenir ses réunions hebdomadaires dans le parc près du Lac des Komsomols. Des filiales du Cénacle ont ensuite été créées dans 19 villes du pays.

Au début du mois de mai, la revue littéraire « Nistru » publie l’article du linguiste V. Mindicanu intitulé « Vesmantul fiintei noastre » (« L’habit de notre être ») qui a donné une impulsion aux débats publics sur la destinée et le rôle de la langue roumaine en RSSM. 

Le 27 mai a été convoquée l’Assemblé Générale de l’UEM qui a adopté, à l’unanimité, un Appel adressé à la XIX-ième Conférence du Parti Communiste de l’Union Soviétique (qui allait commencer ses travaux le 28 juin 1988). Les signataires de l’Appel faisaient part de leur inquiétude engendrée par la métamorphose rapide de l’ancien mécanisme d’administration du pays qui constituait une menace à la restructuration, et donnaient un vote de méfiance aux dirigeants du pays.

Lors de cette même Assemblée de l’Union des Ecrivains, a été prise la décision de créer le Mouvement Démocratique de Moldavie pour le soutien de la Restructuration (MD) et a été élu un groupe ad-hoc d’initiative chargé de l’organisation de la réunion de constitution de ce Mouvement.

Le 3 juin, en présence des représentants du Comité Central du PCM, a eu lieu la séance de constitution du Mouvement Démocratique. Plus tard, le MD a eu des relations étroites avec le Mouvement « Saiudis » de Lituanie et avec les Fronts Populaires d’Estonie et de Lettonie.

Lors de la période 28 juin – 1 juillet, à Moscou s’est tenue la XIX-ième Conférence du PCUS. Dans une des résolutions de la Conférence – intitulée « Sur les relations entre les nations » –, le PCUS reconnaissait pour la première fois l’existence de certains phénomènes négatifs dans les relations interethniques.

Le 29 juin, le MD a organisé sa première réunion lors de laquelle a été mis en discussion le discours prononcé à la Conférence par Mikhail Gorbatchiov.

Le 6 juillet, le MD organise une réunion de commémoration des victimes des déportations du 6 juillet 1949, exigeant la réhabilitation de toutes les victimes de la terreur stalinienne et l’érection d’un monument aux victimes des répressions communistes.

Le 27 juillet, le journal gouvernemental « Советская Молдавия » (« La Moldavie soviétique ») publie l’article « Averse, reverse si extremitati » (« Averses, revers et extrémités »), suivi, deux jours après, de l’article « Neformal despre neformali » (« Informellement sur les informels ») qui contenaient de la critique dure à l’égard de certains membres de l’Union des Ecrivains et du Mouvement démocratique. C’était en fait le début d’une campagne lancée par les dirigeants moldaves de l’époque visant à dénigrer le Mouvement Démocratique.

Le 17 septembre, le journal « Invatamantul Public » (« L’enseignement public ») publie ladite « lettre des 66 » personnalités marquantes de la culture, de la science et des arts qui optaient pour l’octroi à la langue moldave du statut de langue officielle et pour le retour à l’alphabet latin.

Le 25 octobre, lors de l’Assemblée Générale de l’Union des Ecrivains, a été adoptée « la déclaration des 157 » qui affirmaient explicitement : il n’y a pas deux langues littéraires différentes sur le territoire de la Roumanie et sur celui de la RSSM, contrairement à ce que Staline et ses héritiers idéologiques affirmaient, il n’y a qu’une seule et même langue parlée et écrite, fait qui n’est pas unique dans le monde.

Le 28 octobre, le chef-adjoint de la section Organes administratifs du CC du PCM, le lieutenant-colonel A. Plugaru, a signé un article publié dans le journal « Советская Молдавия » (« La Moldavie soviétique ») pour soutenir le MD, après quoi il a été démis de sa fonction.

Les 31 octobre – 1 novembre, à Chisinau a eu lieu une réunion de travail des savants romanistes de l’URSS. Les participants à la réunion ont recommandé, dans le document final, à la Commission Interdépartementale pour l’étude de l’histoire et des problèmes du développement de la langue moldave de : (1) décréter la langue nationale de la RSSM langue officielle de la république ; (2) reconnaître l’unité (l’identité) des langues parlées en Roumanie et en RSSM ; (3) revenir à l’écriture latine. Les autorités communistes n’ont pas permis à la presse locale de parler de cette réunion scientifique.

Le 5 novembre, lors de la réunion plénière du CC du PCM a été mis en discussion le problème des relations entre les ethnies. Après cette réunion, la presse a publié les fameuses thèses du CC du PCM, du Présidium du Soviet Suprême et du Conseil de Ministres de la RSSM intitulées « Sa afirmam Restructurarea prin fapte » (« Des actions concrètes au nom de la restructuration »). Du point de vue politique, les thèses appelaient les communistes, les komsomols et les membres de syndicats « à riposter fermement contre les processus chaotiques, contre la démocratie des réunions publiques qui empêchent les ouvriers à réaliser les tâches ardentes de la restructuration ». En ce qui concerne l’identité des deux langues est-romanes, les thèses soutenaient la théorie des deux langues différentes, et au sujet du retour à l’alphabet latin, les thèses invoquaient des dépenses de milliards, ce qui, disait-on, était au détriment des programmes sociaux et du bien-être du peuple.

Le 12 novembre, le MD a organisé une réunion publique où presque cinq mille personnes ont participé, y compris le premier secrétaire du comité municipal du Parti Communiste N. Ţâu et le président de l’exécutif municipal, I. Gutu. Lors de cette réunion, les thèses susdites ont été durement critiquées et qualifiées d’instrument de pression sur la Commission Interdépartementale.

Le 17 novembre, des étudiants de plusieurs universités de Chisinau ont protesté contre ces thèses devant les sièges du CC et du Gouvernement. La milice a utilisé la force contre les protestataires, une trentaine de jeunes ayant été arrêtés, mais libérés le même jour. Dans l’après-midi, à peu près deux mille étudiants de l’Université d’Etat de Chisinau ont protesté contre l’arrestation de leurs collègues et ont décidé de constituer la Ligue des Etudiants de Moldavie.

Le 15 décembre, au siège du CC du PCM, s’est déroulée la première rencontre avec les activistes du MD. Vers la fin de l’an 1988, le MD disposait d’environ 300 groupes de soutien dans toute la république et environ 10000 sympathisants participaient à ses réunions publiques.

Le 23 décembre, la séance plénière de l’Union des Ecrivains a soutenu l’initiative de la maison d’éditions « Literatura Artistica » d’éditer, à partir du 1 janvier 1989, une série de livres en graphie latine, ainsi que l’initiative de l’écrivain I. Druta de faire paraître un journal en graphie latine – « Glasul » (« La voix »).

Le 28 décembre, a eu lieu la séance de bilan de la Commission Interdépartementale pour l’étude de l’histoire et des problèmes du développement de la langue moldave. Les participants à cette réunion ont mis en évidence la nécessité de renoncer au concept qui proclame l’existence de deux langue est-romanes et de reconnaître comme identiques les langues moldave et roumaine. La Commission a également recommandé de décréter le moldave langue officielle de la RSSM et d’effectuer des modifications requises à la Constitution, ainsi que de solliciter au Présidium du Soviet Suprême d’autoriser le retour à l’alphabet latin.

Le 30 décembre, dans le bureau du rédacteur-en-chef du journal gouvernemental « Советская Молдавия » (« La Moldavie soviétique »)se sont réunis 5 initiateurs du Mouvement Internationaliste (que les Moldaves ont ultérieurement surnommé « Interfront »).

Source : http://www.moldova.org/page/miscarea-de-eliberare-nationala-in-republica-moldova-19871989-1099-rom.html

Le 25 août 2013

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