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Elections locales en Moldavie, 5 juin 2011 : y a-t-il un vainqueur ?

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Article de Gilles Ribardière

Ces derniers mois l’Europe connait des résultats d’élections qui sont autant de désaveux des pouvoirs en place. L’une des raisons essentielles tient dans les effets de la crise mondiale qui a pour conséquence une dégradation des conditions de vie des populations.

S’agissant de la République de Moldavie, on pouvait donc aussi s’attendre ce 5 juin à l’occasion des élections locales à un vote sanction. La population a dû en effet essuyer les effets de la crise, avec notamment une augmentation importante du coût de l’énergie. Les citoyens de la capitale eurent à subir l’augmentation du prix d’une partie des transports en commun.

Or on est loin d’un raz de marée dont aurait pu bénéficier le Parti des Communistes (PCRM), qui se trouve à l’heure actuelle dans l’opposition au Parlement.

Certes il peut s’estimer vainqueur, et son résultat à Chisinau constitue une revanche par rapport au scrutin de 2007. A l’époque, son candidat au poste de maire n’avait obtenu au premier tour que 27,62% des suffrages et 38,83% au second tour… or, dès le premier tour ce 5 juin, Igor Dodon obtient 48,07% ! Mais nous reviendrons sur le cas de Chisinau.

En fait sur le plan national, si on retient les données « Elections aux conseils municipaux et de districts », soit 1 465 873 votants, le PCRM obtient 34,60% des suffrages, soit seulement 0,5% de mieux qu’en 2007. Et si on met se résultat en regard de ce qu’il avait obtenu aux législatives de novembre 2010 (39,3%), il perd pratiquement 5 %.

En fait, pour comparer 2007 avec 2011, on peut constater une réelle stabilité du côté PCRM, une belle progression du Parti Démocrate (de 9,74% à 14,5%), celle du Parti Libéral étant spectaculaire (de 2,46% à 15,2%). Impossible en revanche de proposer une analyse comparative pour le PLDM du premier ministre Vlad Filat : son parti n’existait pas à ce moment là. En revanche on avait notamment deux organisations qui avaient obtenu de beaux scores à l’époque, l’une ayant disparu – l’Alliance pour Notre Moldavie (elle avait légèrement dépassé les 16%) , l’autre étant devenue marginale – le Parti Populaire Chrétien-Démocrate qui de 8,50% s’effondre à 1,09% !

Osons peut être rapprocher le score du PDLM (21,2%) avec celui qu’il a obtenu aux législatives de novembre dernier (29,4%) ; le glissement est significatif : plus de 8 points ! Est-ce à interpréter comme un vote sanction. Sans doute, mais les conclusions ne doivent pas être hâtives ; globalement l’Alliance pour l’Intégration Européenne, à laquelle appartient le PDLM, reste sur l’ensemble du territoire majoritaire (50,9%), et avec un glissement de seulement 1,2 points par rapport aux dernières législatives.

Restons toutefois prudents dans le commentaire, les scrutins n’étant pas de même nature, et les données devant sans doute être affinées. Mais si corrections il doit y avoir, elles seraient à la marge. Un constat doit être fait : le scrutin de juin traduit de faibles variations dans les rapports de force entre PCRM et Alliance pour l’Intégration Européenne depuis novembre dernier.

Le cas de Chisinau toutefois mérite que l’on s’arrête. Le PCRM et Igor Dodon ont obtenu un beau résultat, avec pour l’analyste français une curiosité : c’est le centre ville qui donne au candidat communiste à la fonction de maire le plus gros paquet de voix (52,15%), alors que le maire sortant Dorin Chirtoaca, du Parti Libéral, domine en périphérie (59,42%). Faut-il y voir la résultante d’un clivage linguistique, les russophones étant plutôt concentrés en centre ville, selon des informations que j’ai pu avoir, et traditionnellement enclins à soutenir les candidats porteurs de l’étiquette PCRM ?

On peut aussi y voir un effet de la campagne astucieuse d’Igor Dodon qui a joué sur le sentiment de l’unité nationale, en s’adressant aux jeunes en particulier, et dont il a pu ressentir un sentiment de déception par rapport à ce qu’ils attendaient d’un maire, d’un gouvernement explicitement ouverts sur l’Europe…Or l’Europe n’a peut-être pas été au rendez-vous espéré par ces jeunes. C’est une explication que j’avance pour aider à comprendre le résultat de Chisinau, mais qui demande vérification après étude approfondie.

Le 19 de ce mois aura lieu un second tour au résultat incertain dans la capitale pour élire le maire. La campagne sera rude. L’Alliance a resserré les rangs. Que son champion l’emporte, il devra compter sur un conseil municipal déjà constitué, à majorité PCRM ; que le résultat soit inverse, Igor Dodon ne pourra compter que sur une voix de majorité. Espérons que dans tous le cas l’intérêt général l’emporte afin que se poursuive la métamorphose nécessaire de la capitale de la Moldavie.

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